Les banques suisses et l’argent grec

La Suisse et la Grèce ont entamé des négociations, dans le but de conclure un accord fiscal du type Rubik. Selon des estimations réalistes, 20 à 30 milliards d’euros qui échappent au fisc grec sont placés dans les banques suisses. Ce qui supposerait que les banques suisses accueillent toujours les fraudeurs du fisc hellénique. Afin de vérifier ce fait, RTS a engagé un figurant en caméra cachée, pour se faire passer pour un binational chargé par sa famille grecque de placer deux millions d’euros non déclarés dans une banque suisse. Seule une banque sur les six banques suisses testées a encouragé le client à placer cette fortune en Suisse.

Les banques suisses et l’argent grecConditions

Au premier contact téléphonique, trois banques ont posé comme conditions que les deux millions d’euros soient d’abord déclarés. Ensuite, deux autres établissements bancaires, sur rendez-vous, lui ont conseillé de placer son argent en Suisse, mais de la déclarer. Sinon, il serait impossible d’ouvrir un compte grec ou européen. Selon un banquier, « la Suisse ne peut pas d’un côté proposer des accords à des pays pour régulariser les avoirs de leurs ressortissants en Suisse, et de l’autre, continuer à les encourager à ouvrir un compte en Suisse. » Rien ne protégera le client de l’accord Rubik.

Protéger de l’argent non déclaré ?

Dès que l’accord Rubik est signé avec la Grèce, les banques suisses doivent légalement vérifier que l’argent grec soit d’origine licite. Selon cet accord, la protection de l’argent grec ne dépendra plus du fait qu’il soit déclaré ou pas. Ainsi, une banque sur six accepte d’accueillir l’argent du figurant, en affirmant que jusqu’en 2014, il ne va rien se passer. Si on ouvre le compte maintenant, ils ne vont pas poser beaucoup de questions. Et ce, en faisant le « due diligence » vite fait et ouvrir ce compte en un jour ou deux. Il fallait juste que le compte soit ouvert au plus vite.

Si les autorités grecques appellent pour avoir des informations, la banque ne répond seulement pas.

Les banques suisses et l’argent grecTenter le « hard offshore »

Pour placer l’argent grec non déclaré, un banquier suisse propose au client de placer son argent dans une filiale européenne de la banque, autre que la Suisse. Selon ce banquier, tous les pays de l’Europe pratiquent théoriquement entre eux l’échange automatique d’informations, mais en pratique, ce n’est pas le cas.

En effet, le futur accord Rubik ont déjà fait fuir de grosses fortunes grecques, en clôturant leurs comptes suisses pour transférer leur argent hors de l’Europe (Bahamas, Singapour, Hong-Kong…). Grâce au « hard offshore », ces grosses fortunes préservent leur anonymat et échappent ainsi à l’impôt. La seule difficulté, c’est de réinjecter cet argent dans le circuit pour pouvoir l’utiliser.