La semaine dernière, le quotidien britannique Guardian a révélé que plusieurs immeubles de commerces de luxe et de bureaux parmi les plus chers de Londres (les locaux de la Bijouterie Bulgari, ceux de la banque d’investissement Altium Capital…), également à Paris et en Suisse, seraient les propriétés du Vatican, par l’intermédiaire de compagnies offshores. La valeur de ce portefeuille immobilier excèderait les 500 millions de Livres. Ces entreprises offshores dissimuleraient sous des intermédiaires, l’identité des véritables investisseurs, dont la British Grolux Investments. Récemment, un immeuble de la place Sait-James à Londres a été acheté à 15 millions de livres (environ 23,8 millions de dollars)…
Reconnaissance du régime fasciste de Mussolini
Le Guardian, par le biais de ses enquêteurs, a reconstitué le montage jusqu’à une société suisse initiale dont la Profima SA, ayant dévolu des actifs antérieurs à la British Grolux. De plus, Profima SA aurait une longue histoire pas très catholique. En effet, cette société a été soupçonnée d’activité anti-alliée durant la guerre. Profima SA aurait servi pour mettre au chaud en Suisse des avoirs du Vatican antérieurement localisés en France et en Italie, à la fin de cette guerre. Le montant de ces avoirs s’élève à cinquante millions de Livres de l’époque, qui seraient fournis directement et en espèces par Mussolini, en échange de la reconnaissance de son régime fasciste, en 1929. Et ce, par le biais d’un intermédiaire chargé de mettre les avoirs des banques italiennes hors de portée des sanctions des alliés. Ce serait cette somme de reconnaissance remise par le dictateur Mussolini qui aurait permis de financer initialement toutes ces acquisitions du Vatican. Actuellement, ce capital initial a fructifié et représente environ 800 millions de dollars.
Le Saint-Siège réplique
Le Vatican a cependant nié ce compte-rendu en expliquant que cet argent reçu de Mussolini aurait été une compensation pour la perte de nombreuses propriétés perdues lors de leur occupation par le Royaume d’Italie dans les années 1860. Ainsi, cette somme ferait partie des accords du Latran en 1929, durant lesquels Mussolini a reconnu l’Etat de la Cité du Vatican comme l’unique nation sur laquelle le pape exerce sa souveraineté. Cet arrangement financier viserait donc à compenser la perte des autres Etats Pontificaux et des propriétés de valeur que l’Eglise avait perdue, tel le Palais du Quirinal par exemple, où réside le président de l’Italie de nos jours, qui était autrefois un palais papal. Federico Lombardi, le porte-parole officiel du Vatican a réagi en se montrant surpris que « l’existence des investissements en immobilier du Saint-Siège, achetés avec l’argent payé par l’Etat italien en compensation de l’expropriation de biens, est connue depuis plus de 80 ans ».
Par rapport au réseau de sociétés offshores qui ont réalisé ces investissements immobiliers au nom du Vatican, le Saint-Siège réplique qu’il est normal pour des firmes multinationales importantes d’utiliser un réseau constitué de sociétés différentes pour gérer leurs actifs.